La Gestalt ou comment apprivoiser les prémices d’un contact pour être pleinement acteur

La Gestalt ou comment apprivoiser les prémices d’un contact pour être pleinement acteur

Le praticien gestaltiste se centre sur la manière dont une personne ou un groupe établit le contact avec les autres, l’environnement. Il se porte témoin quand ça s’ajuste ou quand ça se désajuste. Il ne recherche pas les causes mais s’efforce d’aider ses clients à être sujets et responsables de leur manière d’être au monde, dans l’ici et maintenant, afin de créer des ajustements qui permettent de traverser les situations.

Petit retour d’expérience d’un accompagnement avec une orientation gestaltiste.

Dans le cadre de la fusion de deux équipes, Mathieu souhaitait être accompagné pour traverser cette phase de changement et de montée en puissance de son nouveau poste. Il désirait asseoir un nouveau positionnement, réfléchir à la construction de son nouveau comité de direction et à la mise en place de nouveaux modes de travail, optimiser la gestion de son temps. Le dispositif comprenait une douzaine d’entretiens individuels de 2h00, échelonnés sur une année.

Le contact ou l’art d’une danse entre soi et le monde.

La Gestalt utilise un outil d’observation et d’analyse qui s’appelle le cycle du contact. Lors d’une rencontre par exemple, il décrit différentes étapes : pré-contact, mise en contact, plein contact, post-contact. Chacune de ces étapes est reliée à la satisfaction de besoins organiques, psychologiques et sociaux. Cet outil permet de regarder comment se passent les échanges entre une personne et ses interlocuteurs. Les échanges sont-ils fluides ? Comment sont-ils vécus ? Y a-t-il des rigidités, des ruptures de contact qui empêchent d’être sereins et pleinement en relation ?

Lors des premières séances de travail, avec Mathieu, le pré-contact était réduit au minimum. A la question « bonjour, comment allez-vous », il répondait un « très bien merci » pour enchainer immédiatement sur son travail. Et alors me direz-vous ?! Mathieu se plaignait de difficulté à créer des échanges conviviaux et d’être happé par les enjeux de ses interlocuteurs. Il travaillait trop et n’arrivait pas à dompter son agenda. Il avait également très mal vécu le démarrage d’une réunion avec son nouveau hiérarchique qui n’avait pas jugé utile de faire un tour de présentation des personnes présentes, passant directement à une évaluation sèche des opérations en-cours. Cet épisode laissa à Mathieu un vif sentiment de malaise et de méfiance.

Pré-contact, prendre le temps de ralentir avant de foncer.

En faisant l’hypothèse d’un enjeu de pré-contact, d’une mise en contact trop rapide, j’ai proposé à Mathieu que nous prenions le temps au démarrage de nos entretiens afin qu’il puisse éprouver comment il se sentait afin qu’il prenne conscience de ses besoins. Régulièrement, je lui demandais comment mes propos faisaient écho en lui, ce qu’il ressentait. Je lui partageais aussi mes impressions, mon imaginaire, mes ressentis, comme autant de matériaux de résonnance et de dialogue.

Mon intention était que Mathieu puisse développer d’autres ressources d’information, pour enrichir ses capacités intellectuelles. Le corps et ses sensations, le cœur et ses émotions, ses intuitions, la tête et son imaginaire, en offrent à foison. Parfois, je me suis retenue, prise par des introjets qu’il fallait faire du travail utile et sérieux, et que les émotions c’est ridicule ! Etre un bon soldat et filer droit ! Partager mes doutes et mes retenues à Mathieu a suscité un moment fort pour lui à l’endroit d’un processus parallèle : oui les émotions ils ne savait pas bien faire avec, oui les émotions n’ont jamais eu vraiment droit de cité, oui souvent il se disait qu’il fallait qu’il soit fort tout en vivant de la contradiction…

Façonner son être au monde.

Mathieu a exploré comment prendre des temps de pré-contact pour lui et avec ses équipes. Il a organisé un séminaire d’équipe. Il a osé posé certaines limites lui permettant de dégager des espaces dans son agenda… Je me suis rendue compte que ce que venait chercher Mathieu dans cet espace-temps avec moi c’était une prise de recul par rapport à son quotidien et aussi quelque chose de l’ordre d’un apprentissage d’une langue, un peu comme une pédagogie de la relation.


Coaching individuel | Publié le


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